L’effet pygmalion à l’école

par 295mem
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Depuis la publication de l’ouvrage de Rosenthal et Jacobson sur l’Effet Pygmalion à l’école, la question de savoir si les Préjugés des enseignants influencent les productions des élèves est posée et fait l’objet de vifs débats.

Il est très important de rappeler ici que les enseignants ne sont pas conscients des différences de comportements qu’ils opèrent en fonction des élèves.

On parle également d’auto-réalisation des prophéties pour qualifier ce processus. On peut d’ailleurs faire un parallèle avec l’effet placebo en médecine ou encore la suggestion en psychologie.

On sait aujourd’hui que les élèves appartenant à des groupes dits stigmatisés réussissent moins bien l’école. On peut prendre comme exemple les enfants d’origine modeste, les enfants d’origine étrangère ou encore les filles en mathématique. Pourtant l’école de la république est supposée être démocratique et fondée sur le mérite et non sur la stigmatisation.

Cependant, les élèves appartenant à ces groupes sont porteurs d’un stigmate et ont la réputation d’être moins performants au niveau scolaire. Les recherches sur cette thématique indiquent que ces croyances sont largement partagées, y compris par les individus qui les rejettent.

Pour prendre un exemple concret, un enseignant qui va être affecté en Zone d’Éducation Prioritaire (ZEP) va sans nul doute avoir quelques appréhensions. Il va en fait s’attendre à être confronté à des élèves en grandes difficultés scolaires.

La théorie sur l’effet Pygmalion permet d’avancer la possibilité que la moindre réussite scolaire des élèves stigmatisés puisse en partie s’expliquer par les « a priori » moins positifs de l’enseignant à leur égard.

Depuis la recherche de Rosenthal en milieu scolaire, les critiques fusent. Au cours de la décennie qui suivit la publication de l’ouvrage, plus de 345 expériences furent réalisées sur cet effet et les résultats confirment que l’attente d’une personne vis-à-vis du comportement d’une autre peut conduire à sa propre confirmation. Cependant, certaines expériences ne retrouvant pas cet effet entretiennent la controverse.

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À noter : les recherches récentes attestent que l’auto-réalisation des prophéties suppose une relation de subordination entre celui qui est en position d’observateur (l’enseignant, le thérapeute, l’employeur…) et celui qui est en position de cible (l’élève, le patient, l’employé…)

Les attentes concernant les capacités d’un élève peuvent être élaborées dès la première rencontre selon différents critères : le genre, l’apparence physique, la classe sociale, l’origine ethnique, les performances antérieures… cela n’a rien d’étonnant si l’on se réfère à la théorie de la première impression.

Les chercheurs vont s’intéresser aux comportements des enseignants et vont faire de l’observation systématique. Rosenthal a élaboré « la théorie des quatre facteurs » qui se réfère aux quatre aspects de l’interaction élèves-enseignants :

  • Le climat crée par l’enseignant.
  • Le temps et l’attention qu’il accorde à l’élève.
  • Les opportunités qu’il lui offre pour s’exprimer.
  • La qualité des renforcements (punitions versus récompenses) qu’il lui administre.

En observant les enseignants, on voit qu’ils « administrent » un traitement particulier aux élèves qu’ils jugent moins capables.
Les recherches ont répertorié les caractéristiques suivantes dans leurs interactions :

  1. Les enseignants acquiescent moins souvent avec les élèves qu’ils jugent plus faibles. On observe également qu’ils se maintiennent à une distance plus importante, qu’ils leur sourient et qu’ils les regardent moins souvent dans les yeux, qu’ils les soutiennent moins lors de leur éventuelle prise de parole.
  2. En outre, les élèves jugés faibles se voient offrir moins d’opportunités pour apprendre En effet, on les interroge moins souvent et des contenus moins complexes leur sont préférentiellement enseignés.
  3. Les enseignants persistent davantage avec les élèves qu’ils jugent « bons » en leur fournissant plus d’indices pour trouver une solution à un problème et les questions de l’enseignant sont davantage reformulées.

Certaines recherches montrent également que ces élèves jugés « bons » disposent de plus de temps pour répondre.

Pour finir, les recherches attestent également que les élèves jugés faibles sont plus souvent critiqués pour leurs erreurs et moins récompensés pour leurs succès.

Pour conclure, une attente positive ou négative concernant les capacités d’un élève se traduit par une modification du comportement de l’enseignant à son égard.

Selon Cooper, les conduites différentielles de l’enseignant s’expliqueraient par le contrôle qu’il perçoit sur les performances des élèves. D’une manière générale, le besoin de contrôle est primordial pour tout individu et les situations perçues comme peu contrôlables sont évitées.

Cooper montre que les enseignants perçoivent davantage de contrôle dans les interactions suivantes :

  • Celles qui se déroulent en privé plutôt qu’en public (face à la classe).
  • Celles qu’ils ont eux même initiées plutôt que celles initiées par l’élève.
  • Celles qui impliquent les enfants jugés « bons » plutôt que « mauvais ».

L’auteur révèle, par ailleurs, que la perception qu’a l’enseignant des possibilités de réussite des bons élèves est peu affectée par les caractéristiques de l’interaction (public/privée…), l’élève est supposé réussir en toutes circonstances. En revanche, la perception de réussite des élèves jugés mauvais covarie avec la perception de contrôle de l’enseignant.

Tout ceci tente à prouver que les populations stigmatisées sont plus sensibles à l’effet Pygmalion.

Ces élèves sont exposés de manière répétée et systématique à un traitement qui, en raison de sa consistance et de sa récurrence, augmente la pression à confirmer l’attente stéréotypée. (voir les recherches sur la Menace du stéréotype).

Ainsi, la consistance situationnelle et temporelle de ces comportements ne manquera pas d’évoquer les dispositions internes de l’élève (trait de personnalité). Pourtant, les élèves ne faisant que répondre à des contraintes situationnelles (attentes stéréotypées et consensuelles), la consistance de leur comportement n’est qu’illusoire.

En réalité, l’effet Pygmalion à l’école constitue un problème social non parce qu’une attente initialement fausse devient vraie, mais parce que certains groupes d’élève (et particulièrement ceux affublés d’un stigmate) sont traités systématiquement de manière défavorable.

Pour conclure, on peut dire que l’enseignant joue un Rôle non négligeable dans le processus de sélection sociale.

Il serait important d’entreprendre des recherches sur le long terme en milieu scolaire. Malheureusement, il est difficile de légitimer ce type d’entreprise dans notre société actuelle où le politiquement correct a envahi tous les espaces, y compris le milieu scolaire où les enseignants se défendent d’avoir des préjugés envers les enfants.
Cet état de fait préserve insidieusement la pérennité d’une forme d’inégalité sociale à l’école.

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