L’effet Mozart ou l’histoire d’une légende

par 295mem
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Ce présent dossier est tiré d’une étude de Bangerter et Heath, datant de 2004. Il traite de l’appropriation de la science par le sens commun: L’effet Mozart, l’émergence, la croissance et le déclin d’une « légende scientifique ».

La découverte scientifique de L’effet Mozart

C’est en 1993 que l’effet Mozart apparaît. Rauscher, Shaw et Ky publient les résultats de leur étude dans la revue « Nature ». Ils montrent que des étudiants arrivent mieux à résoudre des tâches d’intelligence spaciale après avoir écouté une sonate de Mozart (comparativement aux conditions contrôle). Cet effet disparaissant au bout d’une dizaine de minutes.

Quatre ans plus tard, une autre étude (Rauscher, Shaw, Levine, Wright, Dennis et Newcomb) montrait que les leçons de musique données à des enfants d’âge préscolaire augmentaient leurs performances aux tâches de raisonnement spatiale (comparativement aux enfants ayant reçu des cours d’informatique).

En 1998,  Rauscher, Robinson et Jens ont trouvé que des rats de laboratoire exposés à de la musique de Mozart durant leur croissance avaient de meilleures performances dans leurs déplacements dans les labyrinthes.

Cependant, d’autres études n’ont pas retrouvé cet effet comme celle engagée par Steele, Bass et Crook l’année suivante.

Chabris en 1999 a finalement réalisé une méta-analyse basée sur 16 études portant sur l’effet Mozart. Il conclue que ce dernier était trop faible pour être valide.

Sa diffusion populaire

Peu après la diffusion des premiers résultats scientifiques sur l’effet Mozart, des législateurs ont fait passer des lois sur la base des résultats obtenus. Ainsi, des CD de musique classique étaient distribués aux mères en Géorgie. Dans les crèches subventionnées par l’état de Floride, il devint obligatoire de diffuser de la musique classique chaque jour.

En 1997 et en 2000, Campbell publient des ouvrages de vulgarisation sur les effets positifs de la musique classique sur la santé, l’apprentissage et d’autres domaines de la vie courante.

La presse rapporte différentes tentatives de passer de la musique classique à des roses (pour favoriser leur croissance), dans les entreprises (pour augmenter la productivité)…

Les cours de musique ont connu un vif succès et les ventes de pianos ont augmenté, faisant de « l’effet Mozart » un véritable phénomène de société.

Via une banque de données électronique (Factiva), Bangerter et Heath ont répertorié 478 articles traitant de cet effet depuis la première étude scientifique de1993 jusqu’à 2002.

Ils distinguent trois phases de l’évolution de l’effet Mozart dans les médias :

  • Phase d’émergence : (entre octobre 1993 et juin 1997)  L’intérêt médiatique est éphémère et suit les sorties des publications scientifiques.
  • Phase de croissance : (entre fin 1997 et août 1999) Suite à la parution de l’ouvrage de vulgarisation et la sortie des lois des états de Floride et de Géorgie, l’intérêt des médias devient plus soutenu. La diffusion de l’effet Mozart est facilitée.
  • Phase de déclin: Suite à la parution de la méta-analyse de Chabris, l’intérêt médiatique est au plus haut. Puis s’en suit une diminution progressive de l’intérêt.

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Le moteur de sa diffusion

Comme les rumeurs ou les légendes urbaines, les auteurs postulent que les légendes urbaines prennent  sur un lit d’anxiété collective. Il s’agit ici de l’éducation enfantine. On s’entend dire que c’est au plus jeune âge que les capacités intellectuelles sont les plus malléables. De cette croyance, né une forme de pression. L’effet Mozart permet donc de rassurer les parents.
Via une analyse médiatique par base de données, les auteurs se sont rendu compte que les articles étaient plus florissants sur ce thème dans les régions américaines  où la qualité du système scolaire était faible. Cela répond donc à un « besoin » et on peut prédire l’intérêt médiatique à partir de la qualité du système scolaire.

La transformation de l’effet Mozart

On note des transformations de contenu. On néglige souvent de rappeler que l’effet observé ne dure généralement que quelques minutes et qu’il ne s’applique qu’à l’intelligence spatiale.
Les auteurs notent également une sur généralisation de la population. En effet, ils relèvent dans le Milwaukee journal sentinel, datant du 8 juillet 2001, la phrase suivante :

Il y a eu beaucoup d’études sur l’effet Mozart et la façon dont il aide des écoliers, des lycéens et même des nouveaux nés à augmenter leurs performances mentales.

Or, il n’y a jamais eu d’études scientifiques sur ces populations.
Parmi les 478 articles identifiés lors de la première étude, les auteurs ont comptabilisé la proportion d’articles par année qui mentionnent les trois populations et ils constatent la chose suivante :
Autour de 1994, les étudiants sont mentionnés dans 80% des cas et la proportion diminuent ensuite pour fluctuer autour de 30% en 2000. Inversement, la proportion d’articles mentionnant les deux autres populations augmentent dans le temps.

Les résultats sont reportés sur le tableau suivant :

Le contenu de l’effet mozart s’est donc transformé au cours du temps. Ces mutations correspondent à des préoccupations liées à l’éducation des enfants qui régnaient aux Etats-Unis à l’époque. On voit donc l’aspect dynamique des croyances.

Les auteurs concluent que l’effet mozart renvoie également à des croyances très anciennes à propos des effets bénéfiques de la musique et que leur diffusion semble influencée par des anxiétés ou des peurs collectives.

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