Les normes sociales portent sur :
- Des comportements, des conduites (Normes de comportement).
- Des jugements, des attitudes, des opinions, des croyances (Normes de jugement).
La fonction d’une norme est de différentier les évènements en fonction de leur désirabilité du point de vue du groupe qui génère la norme.
- Une norme va vous dire implicitement ce qu’il convient de faire ou de ne pas faire.
- La norme s’instaure indépendamment de tous critères de vérité. (ex : Bac S plus valorisé socialement que le Bac L).
- Une norme n’est jamais réalisée sous la contrainte.
- Une norme fonctionne toujours par l’intériorisation des valeurs.
- Les normes émanent toujours d’un groupe social ou d’une société.
Une norme est donc une règle implicite (non dite) qui nous fait penser, agir sans pour autant qu’elle ait un quelconque critère de vérité.
Pour résumer, une norme sociale :
- est l’expression d’une collectivité (consensus du groupe) ;
- fait l’objet d’un apprentissage social, d’une transmission sociale ;
- renvoie à de la valeur ;
- est désirable, mais ne renvoie pas à un critère de vérité.
On peut prendre le cas de la norme d’internalité (le fait de s’attribuer la cause des évènements) qui est très valorisée dans notre société, ne l’est pas dans d’autres cultures.
L’explication Interne dans nos cultures n’est pas plus vrai, ni plus fausse, que l’explication Externe (le fait d’attribuer à des causes extérieures la cause des évènements) dans d’autres cultures.
Exemple de causes internes : les capacités, l’effort, les aptitudes, la motivation…
Exemple de causes externes : le hasard, la chance, les autres, les circonstances, le destin, Dieu…
Si une personne dit « Si j’ai eu l’emploi, c’est grâce à ma personnalité » : elle fait une causalité interne.
Si cette personne dit ensuite « Je l’ai aussi obtenu, car j’ai eu de la chance » : dans ce cas la personne fait une causalité externe.
Attention : Pour les exclus, un discours interne les dessert. Cela fonctionne comme une contre norme ; celui qui assume son exclusion n’est pas toléré.
La norme d’internalité, qui peut être mise en parallèle à l’individualisme, est socialement apprise par les différentes instances de socialisation comme l’école. (voir un article sur la norme d’internalité et le liberalisme).
En grandissant, on est soumis à un ensemble de pratiques évaluatives, à l’école, dans son milieu familial, dans le monde du travail, qui par définition fonctionne sur l’internalité et donc sur l’évaluation personnologique.
Par exemple ; dans un dossier scolaire, la note attribuée à l’élève est en général suivie d’un commentaire comme : « ne fait pas assez d’effort ». Ce dernier est formulé en termes de traits personnologiques qui se présentent comme une déduction.
Ici, l’évaluation rabat la production sur le producteur. Cette norme est acquise très jeune comme attestent plusieurs expériences.
L’évaluation, ici scolaire, se fait donc en fonction de certaines normes liées au contexte social et entraîne deux conséquences :
- La psychologisation : tendance à adopter un discours sur la personne en termes de traits de personnalité différentiels plutôt que de référer à son comportement effectif.
- La naturalisation : concevoir en termes de nature psychologique ce qui n’est, en fait, qu’un produit de l’arbitraire social.
Les travaux sur la normalisation vont permettre d’approcher le phénomène de la construction des normes dans un groupe :
Il faut que la situation soit nouvelle, inédite ou que l’environnement physique soit ambigu. Il y a donc une absence de normes collectives avant l’expérience. Les réponses sont donc incertaines.
Les gens sont incertains quant à leurs réponses (quant à ce qu’ils doivent penser, percevoir, sentir et faire).
Les gens, en exerçant une influence réciproque les uns sur les autres, convergent, au cours du temps, vers une norme commune qui va sceller leur certitude.
Cf. : expérience de sherif en 1935 sur l’effet autocinétique.
La normalisation correspond à un phénomène de convergence vers une norme commune.
Les réponses individuelles ne résistent pas au collectif et les réponses collectives persistent au niveau individuel.
Les cadres de références collectifs (les normes) sont le produit des interactions des Sujets entre eux. Chacun va converger vers les réponses des autres (influence mutuelle).
Cf. : expérience d’Allport en 1924 sur l’effet modérateur dautrui sur le jugement.
Moscovici décrit la normalisation comme un mécanisme d’évitement du conflit.
Il y a des concessions équivalentes et réciproques. Dans la normalisation, il y a un phénomène de négociation active qui conduit à l’acceptation du plus petit dénominateur commun.