La franc-maçonnerie est un objet très ancien et pourtant peu connu qui suscite toujours de vives réactions et émotions. Si la franc-maçonnerie existe de longue date, l’intérêt pour de cet objet est loin de s’être amoindri. Les écrits sur la franc-maçonnerie sont nombreux et la notion de secret reliée à l’objet semble constituer un point essentiel de cet attrait.
Cependant, il semble que ce terrain de recherche a été délaissé par les chercheurs et pas seulement dans le domaine des sciences sociales.
Dans le cadre d’une étude sur les représentations sociales, c’est un objet très intéressant, mais aussi particulièrement complexe puisqu’il tend vers le champ des idéologies grâce à sa nature même.
On peut dire que les accusations envers la franc-maçonnerie ont été nombreuses de tout temps et en tous lieux où celle-ci s’est implantée. Les francs-maçons font couler beaucoup d’encre et sont accusés de comploter secrètement contre l’état par ses détracteurs. Aussi, l’histoire de la maçonnerie fut-elle très différente selon les pays. Persécutée en Russie par le régime tsariste et supprimée par le régime soviétique, elle fut aussi interdite en Espagne et en Italie par les régimes cléricaux. Dans ces deux pays, elle ne put se développer qu’après la victoire des libéraux et fut supprimée ensuite par les régimes fascistes et franquiste. En Allemagne, où elle s’était développée selon le modèle anglais, elle fut abolie aussi, en 1933, par les nazis.
Présentation de l’objet
Symboliquement, la franc-maçonnerie remonte à la création du monde. Elle a même adopté un calendrier qui commence 4 000 ans avant J.-C. et qui célèbre la construction du Temple à Jérusalem (Xe s. av. J.-C.) comme son premier grand œuvre : la mort d’Hiram, l’architecte de Salomon, est à l’origine d’un de ses principaux mythes.
Historiquement, ses origines sont plus difficiles à préciser, faute de documents.
Le haut Moyen Âge a connu, en Occident, des associations de métier, dont certaines sont peut-être héritières des collegia de l’Empire romain. Dès le XIe siècle, elles s’organisèrent en confréries, où le savoir-faire professionnel se transmettait par cooptation et initiation.
Les maçons, bâtisseurs des églises, des cathédrales et des châteaux forts, formèrent très vite un métier à part : les secrets professionnels de l’art de bâtir étaient nombreux ; les chantiers étaient des entreprises énormes pour l’époque et la protection de l’Église, principal commanditaire des constructions, s’étendait directement sur eux.
En Angleterre, les associations se transformèrent : dès le XVe siècle au moins, les loges des « free masons » initièrent des personnalités du clergé, de la noblesse ou de la bourgeoisie, qui n’avaient aucun rapport avec le métier. Leur nombre alla croissant au XVIIe siècle et ces « maçons acceptés » transformèrent rapidement la maçonnerie opérative en maçonnerie spéculative ou philosophique. En reprenant les rites et les symboles des francs-maçons des siècles précédents, les nouveaux initiés allaient les appliquer à un nouvel art, à une nouvelle recherche. Libérée des contraintes du travail matériel, la maçonnerie allait se diviser en de multiples courants spirituels et se diviser en tendances rivales.
En 1717, quatre loges londoniennes constituèrent la Grande Loge de Londres, qui se donna les pouvoirs d’unifier l’ensemble de la maçonnerie sous la tutelle de son grand maître ; sous l’inspiration d’un français, Jean-Théophile Désaguliers, et avec la signature du pasteur James Anderson, elle publia le livre des Constitutions, qui sont le règlement originel de la maçonnerie moderne. Il faut noter que, dans leur première version de 1723, ces Constitutions d’Anderson jetaient les bases d’une large tolérance religieuse.
Dès lors, la franc-maçonnerie se développa rapidement en Grande-Bretagne : son histoire fut marquée par de nombreuses crises et scissions. L’opposition, en particulier, des loges « orangistes » protestantes et des loges « jacobistes » catholiques fut assez grave. D’autre part, la résistance d’anciennes loges, groupées autour de celle de York, à la volonté unificatrice de la Grande Loge de Londres ne devait cesser qu’en 1813, lors de la création de la Grande Loge unie d’Angleterre. C’est celle-ci qui substitua au libéralisme des Constitutions de 1723 le caractère plus dogmatique d’une révision portant sur l’obligation de la croyance en un Dieu révélé.
Par-delà les multiples obédiences qui la composent aujourd’hui, la franc-maçonnerie apparaît divisée en deux grandes tendances qui, malgré la communauté de leurs rites et de leurs traditions, restent séparées. La première, qui est liée aux puissances maçonniques anglo-saxonnes et se dit « régulière », est attachée à la croyance en Dieu, « Grand Architecte de l’Univers », et se refuse, en fait, à toute recherche sociale ou politique ; l’autre, qui se réclame de l’esprit de tolérance des premières Constitutions d’Anderson, pense que les maçons doivent non seulement travailler à l’amélioration des individus, mais aussi préparer celle de la société : pour elle, la réflexion politique sereine et contradictoire a une place éminente dans le travail maçonnique.
Dès son origine, la franc-maçonnerie est masculine. L’article 3 des constitutions d’Anderson stipule que son accès reste interdit aux femmes ; « Les esclaves, les femmes, les gens immoraux ou déshonorés ne peuvent être admis, mais seulement les hommes de bonne réputation. » Cependant, dès 1893, sous l’impulsion de la première sœur initiée, Maria Desraimes, est fondée une obédience mixte en France ; le Droit Humain, ouvertement anticlérical et féministe.
En Amérique, nous dit Paul Naudon, il existe des « organisations paramaçonniques féminines » et cite « the order of the eastern star, créer en 1850 » qui compte 2 500 000 membres, « white Shrine of Jerusalem, fondé en 1894 », « Order of Amaranth (1891) ; Order of Rainbow for girls et Job’s Daughters ».
Il reste que de nombreuses loges françaises et américaines n’acceptent pas d’initier les femmes et cet état de fait peu avoir un impact important sur la façon dont les Sujets profanes, même francs-maçons, vont percevoir la franc-maçonnerie.
Bien qu’il existe multiple définition de la franc-maçonnerie selon les obédiences, on peut donner la définition qui suit tiré du Larousse : « La franc-maçonnerie est une association, en partie secrète, de personnes qui professent des principes de fraternité, se reconnaissent entre elles à des signes et à des emblèmes, se divisent en groupes appelés « Loges ». »
La franc-maçonnerie a été aussi définie par l’assemblée des grands maîtres européens en 1952 comme « une institution d’initiation spirituelle au moyen de symboles » ; l’article 1 des constitutions de la Grande Loge de France l’a définie comme « un ordre initiatique traditionnel et universel fondé sur la fraternité ». Elle a pour but le perfectionnement de l’homme et de l’humanité.
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